Danielle Saint-Lôt, une voix essentielle en Haïti

Danielle Saint-Lôt, une voix essentielle en Haïti

Ex-ministre du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme, ancienne directrice exécutive de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti (CCIH), Danielle Saint-Lôt est actuellement ambassadrice itinérante de la République d’Haïti pour l’émancipation des femmes. Depuis plusieurs années, elle s’est engagée à travers de multiples initiatives à favoriser l’émergence de femmes leaders en Haïti. Car, avant toute chose, Da- nielle demeure convaincue que, si on veut changer le monde, si on veut influencer, il faut commencer par les femmes. Guidée par la passion, la détermination et une quête de l’excellence, Danielle a travaillé pour se positionner comme une voix essentielle pour la démocratie et le développement durable en Haïti.

Un beau sourire vient de temps en temps éclairer ce visage qui autre- ment aurait pu paraître sévère. Cheveux coupés court, maquillage discret et soigné, Danielle est une dame élégante. Avec les manières raffinées de ces êtres habitués à évoluer dans les hautes sphères de la société. Sa naissance remonte à 1958 à Pétion-Ville. Mais c’est à Fermathe, une zone rurale à cette époque qu’elle grandit, dans une famille de neuf enfants, dont elle est la cinquième.

Au sein même de la famille, elle trouve des hommes et des femmes modèles qui déjà l’inspirent. Son grand-père, le sénateur Émile Saint-Lôt, fut un des plus illustres ambassadeurs qu’Haïti ait connus. Il a été, entre autres, rapporteur de la commission chargée de la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948. « Ma grand- mère a été une éducatrice toute sa vie et ma mère a été la première femme à faire des études universitaires en alphabétisation en Haïti », confie-t-elle, consciente de ce valeureux héritage qu’elle a évidemment sauvegardé.

Son C.V. est bien intéressant. Bien sûr, elle a eu la chance d’aller dans les meilleures écoles du pays. Des écoles dirigées par des femmes pour la plupart, précise Danielle. Comme sa grand-mère, sa mère et sa fille unique un peu plus tard, ses études primaires se déroulent à Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus. Au secondaire, elle intègre le Centre classique féminin (CFC) et, en terminale, fréquente le Centre d’études secondaires. « Je crois que le fait d’avoir été dans ces écoles où les dirigeantes étaient des femmes a eu une grande incidence sur ma vie. Et des fois, je me dis qu’en chacune d’elle, j’ai gardé le meilleur », raconte Da- nielle, qui a su tirer le meilleur des expériences qu’elle a eu à faire. En chacun de ses amis, ses collègues, ses supérieurs hiérarchiques, elle a trouvé un modèle ou des traits de caractère à cultiver. « J’étais toujours portée vers l’excellence », assure Danielle

À l’INAGHEI, Danielle décroche une licence en sciences politiques tandis que, dans la même période, elle étudie aussi le secrétariat au Christ the King Secretarial School. « Je crois que ce sont les études les plus importantes que j’ai faites dans ma vie. Elles m’ont donné ce sens de l’organisation qui me suit partout. » Lauréate d’un concours à l’ambas- sade de France, elle obtient une bourse pour une maîtrise en relations économiques internationales à l’Institut international d’administration publique de Paris (IIAP).

Son parcours professionnel débute à la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti (CCIH). Même si l’expérience est enrichissante, elle réalise que le secrétariat est loin de la passionner. Un an plus tard, elle entre au Ministère du Commerce comme simple attaché, premier niveau de la hiérarchie. Mais, au retour de ses études en France, elle y sera chef de service. Sa carrière de dix ans au sein de l’administration publique se clôturera par un poste de membre de cabinet du ministre des Affaires étrangères. Mais il ne faudra surtout pas oublier qu’elle a été la première femme ministre du Commerce et de l’Industrie entre février 2004 et mars 2005.

En effet, Gérard Latortue, qu’elle a rencontré au cours d’un stage de deux mois à l’ONUDI à Vienne, lui demande de le rejoindre sitôt qu’il devint Premier ministre au cours de la transition. Près de vingt ans plus tard, elle retournait au ministère du Commerce. Pendant son mandat d’environ un an, la dynamique Danielle avoue avoir pu mettre en place des infrastructures pour le commerce. Elle a pu monter le Conseil national des zones franches, lancé l’étude pour le Centre de facilitation des investissements (CFI) avec le support de l’USAID. Elle a commandé également une étude sur les filières porteuses comme la mangue. Elle a aussi entamé les négociations avec l’Organisation mon- diale du tourisme pour le développement d’un plan directeur de la côte Sud/ Sud-Est/ Sud-Ouest, de Baharona aux Cayes, en partenariat avec les Dominicains. Mais cette idée intéressante n’a pas pu être concréti- sée avant son départ.

Danielle a aussi fait ses preuves au niveau du secteur privé qu’elle a intégré en 1990. En 2000, elle a rejoint la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti (CCIH) et en fut la directrice exécutive pendant deux ans. Après 2004, de concert avec deux membres de son cabinet ministériel, elle ouvre Caribbean Business Consulting (CBC), un cabinet de conseil en stratégie et développement d’entreprise. Consultante ou coordonnatrice de projet pour plusieurs prestigieuses organisations nationales et internationales, dont la BID et l’USAID, elle prononce des conférences sur le développement du secteur privé et l’émancipation des femmes en Haïti et à travers le monde.

Une voix essentielle en Haïti

À quinze ans, Danielle fait partie de l’équipe de volley-ball du CFC et aussi de la sélection minime de volley-ball d’Haïti. Un peu plus tard, elle fera partie de la sélection nationale. Ceci l’amène à voyager pour représenter le pays dans des tournois internationaux en Allemagne, au Mexique, en République dominicaine. « C‘est ce qui m’a donné le goût de vendre le pays. Quand on partait, on savait qu’on était tous des ambassadeurs du pays. »

Cette femme très respectable a acquis une grande capacité de mo- biliser des ressources humaines et matérielles tant au niveau national qu’au niveau international. Membre de Vital Voices Global Advisory Council et du Comité de pilotage du projet Haïti Hope de The Coca Cola Company supportant des producteurs de mangues haïtiens, Danielle fait partie des conseils consultatifs de Biennal of the Americas et de la National Association of Haitian Professionals (NAH).

En 1998, l’ambassade américaine a permis à un groupe de six femmes leaders en Haïti de participer à la Conférence Vital Voices Women in Democracy dans les Amériques à Montevideo. Danielle y rencontre pour la première fois des femmes telles qu’Hilary Clinton, Made- leine Albright qui l’ont vraiment inspirée et près de 350 femmes leaders de la région. De retour en Haïti, elle et les cinq autres mettent sur pied Femmes en démocratie (FED) chapitre haïtien de Vital Voices Global Partnership dont l’une des initiatives les plus connues demeure la foire Femme, Créations, Productions.

Cultivée, organisée et pratique, celle qui prend plaisir à travailler avec les femmes en milieu rural a récemment monté Danielle Saint-Lôt Haiti Women’s Foundation, une organisation à but non lucratif basée à Washington qui, « chaque année, va supporter et renforcer dix petites et moyennes entreprises compétitives qui évoluent dans les filières porteuses », explique celle qui, en 2012, a été nommée ambassadrice itinérante de la République d’Haïti pour l’émancipation des femmes par le président Michel Martelly.

Mais sa « véritable passion est le développement humain, le dévelop- pement de leaders », parce qu’elle est convaincue qu’en renforçant les capacités des femmes, on renforce les capacités de la famille et des générations à venir.

Très croyante, elle fait partie d’un réseau mondial de croyants qui s’en vont chaque année dans des retraites spirituelles en divers endroits du monde. La Terre sainte. Le Rwanda. Dans ces zones, où il y a eu des conflits, ils essaient avec des principes bibliques non seulement de comprendre les conflits, mais aussi de les résoudre. « Parce que tout est dans la Bible. Toutes les réponses sont dans le Livre avec un grand L », se plaît à dire celle qui « rêve d’un monde interconnecté où tout le monde vivrait bien, et espère qu’Haïti deviendra l’âme de la Caraïbe. Cet endroit où les gens viennent se ressourcer. » Optimiste, Danielle a contribué a l’épanouissement et le succès de plusieurs femmes à travers le pays. Elle a été pour beaucoup le mentor qui les guidait, conseillait, motivait. Celle qui, quand elles étaient au bord du découragement, leur répétait souvent : « Si tu crois, tu peux ».

Mère d’une fille de 18 ans, Danielle n’a jamais été mariée. Grande admiratrice de la reine Esther, elle adore la couleur pourpre. De même que la lavande. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Danielle, qui avoue n’être pas une cinéphile, aime se laisser détendre par des romans à l’eau de rose, feux de la collection Harlequin rouge passion par exemple. Elle aime bien danser aussi. Fan de musique haïtienne, particulièrement du compas, Beetova Obas, Emmeline Michel, Sweet Miky, le Tropicana figurent parmi ses artistes préférés.

La retraite, celle qui aurait pu être en lice pour la présidentielle de 2015, n’était le rejet de sa candidature par le Conseil électoral provisoire (CEP), ne la voit pas encore. « Si on veut changer le monde, si on veut influencer, il faut commencer par la femme elle-même. Et pour avoir de meilleurs Haïtiens, il faut passer par les Haïtiennes. » Sa mission est loin d’être achevée. Au faite de sa carrière, rien ne manque vraiment au bonheur de cette femme haïtienne natif-natal, cette femme total kapital global. Sinon des petits-enfants qu’elle espère avoir bientôt.

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